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Petites chroniques hors temps
Petites chroniques hors temps
  • Ecrire. Une pause pour soi-même, un chemin à souvenirs, une machine à prise de recul mais aussi...un plaisir grammatical. Des années que j'écris et ça ne s'arrête pas. Seul le temps s'arrête quand on écrit...Alors à chaque pause sa chronique.
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Petites chroniques hors temps
31 mai 2015

Trois bouts qui se partagent

Ce samedi-là, nous étions trois femmes. Nous étions parties, curiosité en poche, dans un salon bien-être. Nous ne pensions pas que le temps passerait si vite, nous ne pensions pas y expérimenter des choses, nous ne pensions pas en ressortir mieux. L'une avait versé un torrent de larmes le matin même, sentant la fatigue mélancolique d'un cycle, alors que l'autre versait des larmes depuis un mois, sentant, elle, les pics d'un passé dur à porter au plus profond. La dernière, elle, ne sentait rien de particulier, si ce n'était les coquilles de sa carapace lui effleurer la peau. La journée défila vite, d'heures en heures, occupées à partager des rires, des anecdotes, des confidences et des ressentis. Et puis vint doucement le soir, où chacune, rechargée à sa manière, appréciait ce que les autres lui apportaient. La soirée, imprévue de toutes, se décida vite. La terrasse d'un petit restaurant, quelques cigarettes, un verre de blanc, un verre de rouge et un verre d'eau. Trois boissons, trois femmes. Chacune avec ses problèmes et sa valise de casseroles que le passé leur avait laissé en souvenir. L'une portait en elle les traces d'un enfant perdu à regrets, l'autre portait cette perte par volonté, alors que la dernière n'en avait pas le poids. Elles portaient en leur chemin commun des histoires d'exils, de respirations. Elles respiraient le même air du départ et de l'arrivée. Les larmes de certaines perdaient leurs traces, alors que la coquille de l'autre se fissurait. Elles savouraient leurs intimités, écoutant avec leurs cœurs les blessures des autres et les leurs, les partageaient, les pansaient, et contemplaient leurs cicatrices avec douceur, distance et beauté. Il se créait autour d'elles un cocon d'empathie et d'apaisement, mêlé d'un soupçon de rires. Elles parvenaient à y déposer leurs bagages, dans la confiance des autres. Le temps semblait s'être arrêté, et il ne suffisait rien de plus à personne, même pas de pulls. Plus de temps, plus de fraîcheur, des moments figés dans le reste du monde qui continuait à tourner autour. Il ne suffisait rien à personne car ce moment simple leur suffisait à elles-mêmes. Chacune restait elle-même dans une bulle commune. C'était imprévu, simplement bon, c'était une pause.

Nous étions parties initialement, curiosité en poche, dans un salon bien-être. Quoiqu'en fut le déclencheur, le bien-être dura bien au-delà du salon. Quand la soirée se termina, chacune prit le chemin de sa maison, avec gratitude, sourire et apaisement. Parmi les trois, une fois rentrée chez elle, l'une d'entre elles décida de graver ce moment dans les mots. Pour immortaliser cette journée dont le temps s'était arrêté. Pour souligner les beaux moments, comme ça, imprévus et si magiques. Pour dire merci à cela. Pour en être reconnaissante, tout simplement.

fela9

 

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