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Petites chroniques hors temps
Petites chroniques hors temps
  • Ecrire. Une pause pour soi-même, un chemin à souvenirs, une machine à prise de recul mais aussi...un plaisir grammatical. Des années que j'écris et ça ne s'arrête pas. Seul le temps s'arrête quand on écrit...Alors à chaque pause sa chronique.
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Petites chroniques hors temps
27 décembre 2012

Y a tant de choses qu'on explique pas.

J’ai toujours aimé être dans une salle de danse. J’ai toujours aimé les grands espaces.
Je n’ai jamais compris ce sentiment que mon cœur avait une de ses parties enracinées..ailleurs. Et je n’ai jamais su expliquer pourquoi j’ai senti, au fil du temps, cette chose qui envahissait peu à peu mon corps, telle une liane qui se resserrait autour de mes organes, de plus en plus fort.

Je me souviens toutes ces fois, où dans le peu d’espace de ma chambre, sur des parcelles de plancher, je dansais, je m’entraînais à des arabesques, des pirouettes. Mes chambres ont été mes plus grands espaces de répétition.
Je me souviens de mes chaussettes, qui glissaient sur le plancher, et des quelquefois où je me suis fait des bleus en tombant. Mais j’m’en foutais tellement. Je mettais la musique à fond. Je l’écoutais. Je bougeais. Dans la voiture, sur les longs trajets, chaque note me berçait et sur chaque variation je m'imaginais bouger.
Et puis je me souviens de mon premier cours de flamenco. J’avais 11 ans. Et je détestais. Je me disais que je n’aurais pas du, que c’était trop dur. Que je ne continuerai pas, que ce n'était pas moi.
« Mais la vie n’est qu’une suite de changements. » Tu parles, ça, j’en avais pas conscience.
Et pourtant…Quand au bout de trois années, j’ai arrêté, on m’a dit, ne t’inquiètes pas, tu y reviendras… Et moi je répondais d'un ton si sûr : ou pas. Encore une fois je me voilais la face. Avec le recul, je me suis souvent voilé la face dans ma vie. Ou du moins, je ne sais pas si l’expression est bonne, mais avec le recul, je réalise le nombre de fois où j’ai dis « non » trop vite…
Ou j’ai dis « non »...sans attendre la suite. Et où la suite m'a toujours laissée bouche bée. Mais je mégare, là.

C’est ainsi que par exemple, je me souviendrai toujours au cours de l’année de mes 16 ans, quand je dansais dans ma chambre, cette force qui peu à peu revenait dans mes bras. Ces gestes qui peu à peu se transformaient et reprenaient…leur forme primaire.Malgré moi. Et ce désir de plus en plus fort de revenir vers cette musique, de revenir vers ces mouvements. Je n’ai jamais pu l’expliquer, jamais.Quand cette liane a la fois forte et terriblement douce m’avait assez enlacée, je me suis décidée à revenir. Et depuis je ne suis pas repartie. J’ai même laissé la liane m’enlacer complètement, je l’ai parcourue de mes propres mains, en l’acceptant tout simplement.

Avec le temps, j’ai appris que cette flamme qui me dévorait se transformait en un élément indispensable à mon équilibre. J’en avais besoin. Tandis qu’elle me dévorait, moi j’en voulais encore plus. Alors j'en ai fais toujours plus. J'ai foncé dedans, toujours aussi surprise de la puissance que m'amenait cette danse. Toujours aussi surprise de quelle motivation je pouvais faire preuve.
Je n’ai jamais été quelqu’un qui extériorisait son énergie. Je n’étais pas hyperactive, j’étais calme et posée. Mais à l’intérieur, ça bouillonnait. Ca foisonnait.Dans tous les sens.
Je le sens encore aujourd'hui dans mon ventre. Ca survient n'importe quand, n'importe où. Je pousse tout dans ma chambre, encore aujourd'hui, j'enfile mes chaussures, et je danse. Ou alors je sors dans la rue, j'enfile mon casque et je marche, vite, vite, les yeux ailleurs. Ou bien je vais à la salle. Et quand j'en ressors, une mince petite heure plus tard, je suis à nouveau calme.
Je n’ai jamais compris. Pourquoi tout cela me touchait tant. Pourquoi quand je danse, j’en ai des frissons. Pourquoi une alegria résonne en moi comme un « je suis heureuse », pourquoi une pata por buleria me donne envie de crier « fuck you », pourquoi une siguirya me susurre à l’oreille « crie-le, que tu as mal »…Pourquoi tant de sentiments sortent exactement comme je voudrais les faire sortir, mais sans aucun mot ? Pourquoi plus j'ai mal, mieux je danse ? Pourquoi plus les émotions s'accumulent, mieux elles ressortent en dansant ? Pourquoi quelque chose d’indescriptible m’a poussé à retourner au fin fond de l’Andalousie pour encore nourrir ce truc qui me dévorait ? Ce truc invisible et indescriptible qui se nourrit de mes angoisses, de mes peurs, de mes colères, de mes larmes comme de mes joies.

C'est aujourd'hui que je repense à tout ce chemin là. Dans la vie, on a beaucoup de cheminements. Celui-ci en est un parmi d'autres,
qui a commencé je ne sais où...Peut-être il y a plus d'un siècle sur les marches d'une église à Valladolid, peut-être il y a 14 ans, dans ce salon et dans cette jupe de gitane. Peut-etre avant, peut-être après.
Peut-etre parfois il vaut mieux ne pas chercher à comprendre. Mieux vaut ressentir.

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